Curieux de Nature
Au niveau architectural, le pays de Caux est très riche en églises de toute sorte, parfois très anciennes, d'autres plus récentes à cause de reconstructions, dues à la vétusté ou aux dommages de guerres.
Pour les petites et très petites communes, leur entretien est devenu une charge très importante. Certaines ont la chance d'être classées, à cause de leur ancienneté, très souvent, à la valeur architecturale du bâtiment ainsi que de leurs collections : statues, vitraux, mobilier, objets religieux de grande valeur, reliquaires, etc ...
Pour les autres, malgré les subventions de l'état, des départements ou régions, cela deviendra de plus en plus difficile, en raison du manque de moyens budgétaires principalement et de la non-utilisation ou d'une utilisation très réduite depuis plusieurs années des édifices de campagne. Beaucoup de paroisses ont été regroupées et les offices religieux sont souvent célébrés au chef-lieu de canton et non plus dans chaque petite église.
Il sera important dans les années qui viennent de se pencher sur ce problème, afin de trouver des solutions pour sauvegarder le plus possible notre patrimoine religieux mais aussi notre patrimoine tout court.
Il semblerait depuis quelque temps que nos gouvernants aient décidé de prendre le problème à bras le corps, en trouvant des solutions nouvelles de financement. On ne peut que louer ce genre d'initiatives.
Dans un premier temps, je présenterai quelques églises de nos campagnes, certaines d'un grand intérêt architectural, d'autres moins, en tout cas plus modestes, mais tous ces édifices ont une histoire, un charme particulier, qui, je l'espère retiendront votre attention.
Autretot est une commune du canton d'Yvetot connue par exemple pour son excellent classement pendant de longues années, dans le concours des plus beaux villages fleuris de Seine Maritime.
J'ai choisi de commencer par cette église de type très classique, qui représente bien le genre de bâtiment reconstruit au 18ème/19ème siècle. L'ancienne église datait du 11ème siècle et avait été été entièrement détruite par la foudre en 1685.
Des travaux avaient commencé au 18ème siècle, mais ont duré jusqu'en 1827 où on a transféré le clocher du transept au portail et le choeur a été refait. Les travaux se sont terminés en 1841.
C'est donc une église récente en brique, silex et pierre, toiture en ardoise. On y accède par une volée de marches, une tourelle est flanquée sur un côté du clocher en façade et une rosace de pierre orne ce dernier. C'est un bâtiment de belle facture.
Le Saussay est une petite commune du canton de Yerville (76760) d'environ 380 habitants (2019).
Son nom viendrait du latin salix (saule) et signifierait lieu où poussent des saules.
Ce village possède une belle petite église très originale, elle est construite en silex, briques et d'une partie en pierres.
Son clocher central prenant naissance sur la nef, est peu courant, il est formé de trois éléments dont une flèche de forme polygonale.
Elle s'appelle Eglise St Martin, elle paraît relativement ancienne mais je n'ai pu retrouver de datation exacte.
En tout cas c'est certainement la plus charmante petite église du canton de Yerville.
(Photo issue d'une diapo numérisée - Ekta100 - Juin 1989)
Veauville les Baons est une commune également du canton d'Yvetot, d'environ 720 habitants (2019), son appellation "les Baons" vient de sa proximité avec la commune de Baons le Comte.
C'est une église peu commune dans la région, elle est en effet presque entièrement faite de pierre de taille venant de Duclair (vallée de Seine) et de silex pour les murs.
Elle est imposante, à l'image de son clocher (photo), elle date de 1850 et pourtant elle est de style roman, ce qui n'est pas courant en pays de Caux.
Son transept est long avec des absides circulaires.
Il faut noter que le clocher est entièrement en pierre de taille, et non couvert d'ardoises comme c'est très souvent le cas.
C'est une église qui a de l'allure et que je trouve très belle.
Motteville est une des deux communes les plus importantes du canton de Yerville (environ 800 habitants) et elle possède une très belle église. Elle porte le nom de St Michel-Archange.
Cette dernière, telle qu'elle est aujourd'hui a été voulue par un certain Nicolas Langlois en 1616 quand il décida la fondation d'une collégiale.
L'ancienne église du 13ème siècle n'ayant pas les proportions voulues pour ce projet, il n'en garda qu'une partie du choeur.
Les matériaux utilisés furent la brique rouge et la pierre blanche comme pour le château, la toiture est en ardoises.
L'originalité de cette église réside bien sûr dans la présence de deux clochers de forme carrée. C'est une architecture plutôt rare dans notre pays de Caux et cela lui donne une belle allure.
Elle est donc du 17ème siécle et est très bien conservée, l'entrée est opposée à la route principale et on peut noter le très beau portail très joliment sculpté, comportant une rosace et quatre écussons en haut, représentant les armes des fondateurs. (photo à droite).
Création gratuite et simple
La commune d'Ouville l'Abbaye fait partie du canton de Yerville, ce sont nos voisins les plus proches et c'est d'ailleurs pour cela qu'on s'appelle Criquetot sur Ouville. Elle compte environ 680 habitants (2019).
Son église est l'église St Martin, elle date pour sa partie la plus ancienne (le clocher et la nef) du 17ème siècle.
Mais lorsque la population a augmenté, il est devenu indispensable de l'agrandir, des travaux sont entrepris et la bénédiction de la nouvelle église eût lieu en septembre 1837.
C'est une belle construction de brique et de silex avec soubassement en pierre pour le clocher. La couverture est en ardoise.
Le clocher carré est très imposant, c'est l'entrée de l'église par une belle porte en bois. C'est une église classique du pays de Caux par l'utilisation de la brique et du silex, qui a servi à faire bien d'autres beaux bâtiments cauchois.
On découvre ce magnifique clocher sur la photo de gauche, avec sa petite tourelle flanquée sur le côté.
Photos issues de diapositives numérisées
Clocher à gauche : Ektachrome de Kodak prise en Juillet 1993 - Boîtier NIKON F70 - Zoom de 28-80 mm.
Eglise entière au-dessus : Ektachrome de Kodak prise en Février 1989 - Boîtier CANON T70 - focale 50 mm.
La commune de Berville en Caux se trouve dans le canton de Doudeville, elle compte environ 640 habitants (2019).
Elle possédait une très belle église construite en 1858 et elle s'appelait église St Wandrille.
Elle était construite en pierre et silex, le clocher était décalé à droite par rapport à la porte d'entrée, lorsqu'on regardait la façade. Elle était grande par rapport à beaucoup d'églises rurales du secteur et possédait une très belle voûte centrale en pierre.
Malheureusement, au début des années 2000, on a constaté un affaissement chronique au niveau des fondations à l'arrière de l'église. Des fissures importantes étaient apparues sur les murs derrière l'autel. Des mesures ont été prises par la Mairie et l'église a été fermée ensuite au public, pour des raisons évidentes de sécurité. Il s'est avéré par la suite qu'une partie des fondations (arrière de l'église) avaient été faites sur d'anciennes tombes en remblayant le terrain.
Des études ont été faites à la demande de la Mairie, pour voir quels travaux il faudrait envisager pour sauver l'église, mais malheureusement, rien n'a pu se faire et la mairie avait parlé "d'un gâchis et d'un échec à l'époque" (article dans Paris-Normandie). La décision que tout le monde redoutait, c'est-à-dire la démolition de l'église fut prise à regret par le Conseil Municipal en 2012. Inutile de dire que cette décision fut un crève-coeur pour l'immense majorité de la population.
Il existe à Berville en Caux une petite chapelle située au hameau de Baudribosc, qui a été rattaché à la commune de Berville en 1823. (photo ci-dessus).
Cette Chapelle St Gilles aurait été construite en 1734 , bien qu'une date plus ancienne (1681) figure aussi sur l'édifice.
En 1734, ce sont les Clercy de Mathonville, les seigneurs de Baudribosc, qui décident de sa construction et leurs armes figurent sur la façade de la chapelle.
Elles est faite de pierre blanche, brique et silex, la toiture est en ardoise.
Une restauration malheureuse en 1891 a vu sa nef amputée ainsi qu'une profonde modification du clocher. Des chiffres en fer forgé sont ancrés sur la façade rappelant cette date ainsi que les lettres J, S, M, R, E, qui signifient Jésus, Marie.
C'est une charmante petite chapelle de campagne et il est certain que suite à la démolition de l'église en 2012, il reste tout de même un édifice religieux dans la commune et on ne peut que s'en réjouir.
Cette photo ci-dessus montre une scène d'une très importante manifestation qui se déroulait en partie à l'église de Berville : la fête de la moisson, où l'église était remarquablement décorée par les bénévoles de la commune et qui voyait la foule des grands jours se déplacer. Cette photo date de la fin des années 90, mais je n'ai pu retrouver l'année exacte, mais d'autres photos de cette fête sont en cours de numérisation et seront publiées sur ce site.
Photo extraite d'une série d'une bonne soixantaine de diapos réalisée par mes soins à l'occasion de cette fête (diapo numérisée). 28mm, flash, boîtier CANON.
Sur la photo ci-dessus, on voit la pierre gravée et enchâssée dans le mur de façade qui représente les armes seigneuriales de la famille Clercy de Mathonville : deux écus ovales pour les époux de Clercy, soutenus par deux lions et surmontés d'une couronne et de la date de construction 1734.
Les photos de l'église, de la chapelle et des armoiries sont des diapos numérisées prises en 1994 - Objectifs 28mm et 50 mm, boîtier CANON
En 1690, Jean-Louis Charles d'Orléans-Longueville posa la première pierre du grand logis avec la salle capitulaire et les dortoirs. L'église reçoit par ailleurs un mobilier luxueux.
A la Révolution en 1790, le nombre de religieux est tombé à 7 moines. le 13 février 1790, l'Assemblée Nationale décrète la suppression des ordres religieux. Les officiers municipaux de St Martin de Boscherville signifient aux religieux qu'ils ne sont plus chez eux, en clair, ils sont priés (si l'on peut dire) de faire leurs valises. C'est le début des règlements de comptes en tous genres, propres à ce genre d'évènements.
Les biens de l'Abbaye sont vendus, un marchand de Rouen achète la maison abbatiale et claustrale avec les cours et les jardins. Une manufacture est installée dans le grand bâtiment mauriste.
Les citoyens de St Martin décident de garder l'église abbatiale comme église paroissiale et l'ancienne église plus petite servira à la production de salpêtre.
Mais lorsque, plus tard, la manufacture s'arrête et que le propriétaire décide la vente des pierres au détail, que la salle capitulaire serve d'écurie et que le tour allait venir irrémédiablement à l'église abbatiale, l'Etat intervient et l'Abbaye deviendra propriété du Département en 1822.
L'église abbatiale et la salle capitulaire (malgré les dégâts) sont fort heureusement sauvées du désastre.
Voilà l'histoire résumée brièvement de l'Abbaye St Georges de Boscherville, une histoire tumultueuse comme on peut le voir, elle a subi beaucoup de préjudices, dus malheureusement en grande partie à la bêtise des hommes, lors d'évènements historiques comme la guerre de 100 ans, les guerres de religions et la Révolution française de 1789, qui fort heureusement n'ont pas détruit l'église abbatiale, comme cela a été fait malheureusement, par exemple à Jumièges. Elle est donc arrivée jusqu'à nous et il faut bien le dire, elle est dans un état remarquable malgré ses plus de 900 ans !
Cette abbaye se trouve dans la commune de St Martin de Boscherville, canton de Duclair, donc en bord de Seine. Elle fait partie bien sûr de la fameuse route des abbayes de notre département de Seine Maritime.
L'église abbatiale St Georges est remarquable sur bien des points, elle est presque intégralement de style roman.
Le site sur lequel elle a été construite est un site sacré depuis très longtemps, puisqu'il remonte à l'époque gallo-romaine où un temple avait été édifié au 1er siècle avant J.C. Ensuite une chapelle funéraire a été installée à l'époque franque.
Jusqu'au VIIème siécle, plusieurs édifices chrétiens se sont succédé. C'est en 1055 que Raoul de Tancarville installa une communauté de chanoines dans la chapelle funéraire, ensuite pour des questions pratiques, une collégiale fut construite sur le même emplacement.
Mais les chanoines s'étant beaucoup enrichis, ils furent de plus en plus contestés et en 1113- 1114, Guillaume de Tancarville, Chambellan du roi Henri 1er, les chassa pour fonder l'Abbaye actuelle. Ce sont des moines bénédictins de l'Abbaye de St Evroult qui s'installèrent dans l'Abbaye. Des dons importants sont faits permettant de construire l'église et les bâtiments annexes, ensuite un cloître, un corps de logis et une salle capitulaire furent ajoutés.
En 1235, la charpente primitive en bois de l'église est remplacée par une voûte gothique. L'Abbaye connait alors son époque la plus prospère.
Mais en 1269, les moines ne sont plus que 20 et un grand désordre règne. En 1305, le dernier des Tancarville disparait et en 1322 les moines ne sont plus que 10 ou 15.
La guerre de 100 ans fait des ravages dans les terres de l'Abbaye et il faut réparer l'église et le cloître.
En 1502, les vocations reprennent, de 12, les moines repassent à 20 en 1530, mais un autre désastre s'abat alors sur l'Abbaye : les guerres de religions. En 1562-1570, les religieux s'enfuient face à la fureur des protestants. L'église est dépouillée de tous ses ornements et de son mobilier et tous les bâtiments sont saccagés.
De 1626 à 1676, l'Abbé Louis de Bassompierre introduit la Réforme de St Maur et reconstruit une grande partie des bâtiments détruits. Les Mauristes s'installent en 1660 (Congrégation de St Maur).
Eglise abbatiale St Georges de Boscherville - Façade
Comme on l'a vu précédemment, l'église St Georges de Boscherville est de style roman normand, ce qui, curieusement, n'est pas courant dans notre région. Elle est heureusement parvenue jusqu'à nous, et les seules modifications apportées dans le temps sont les tourelles de style gothique en façade et l'addition de voûtes gothiques à la nef et au transept. Les voûtes de choeur et des bas-côtés primitives de style roman sont restées comme à l'origine.
Elle date de la fin du 11ème siècle, début du 12ème siècle.
Le plan de l'église est en croix latine avec une nef à huit travées. Une tour lanterne à l'arrière, que l'on voit sur la photo à gauche, surmonte la croisée du transept, elle culmine à 57 mètres de hauteur.
La hauteur des deux tours-clochers est de 37 mètres et la longueur totale de l'édifice est de 70 mètres.
Elle est dans la plus pure tradition du style roman, il n'y a aucune fioriture, tout au plus quelques sculptures sur certains chapiteaux des colonnes intérieures.
La salle capitulaire
Cette salle est une merveille du style roman tardif et gothique normand, construite sous l'abbatiat (1157-1211), elle est aujourd'hui enchâssée dans le bâtiment mauriste construit à la fin du 19ème siècle et est très facilement accessible à la visite.
C'est une salle carrée de 16m de longueur sur un peu plus de 7m de largeur et d'une hauteur de 12m. Elle est parallèle à l'église.
Elle a subi les ravages des protestants en 1562 et les ravages du temps pour certaines parties, qui sont en mauvais état à cause de l'utilisation d'un calcaire trop siliceux.
Les chapiteaux de cette salle sont d'une grande élégance, de bien meilleure qualité que ceux de l'église. On sent bien dans le galbe des statues, un très net progrès dû à l'apport du style gothique et grâce aussi à l'appel fait à des sculpteurs de Paris et de Chartres, Rouen manquant alors de statuaires.
La salle a été classée monument historique en 1875 et elle est la propriété du département de Seine Maritime.
Quelques sculptures de la salle capitulaire
Sur ces deux photos, on peut voir des statues-colonnes et un chapiteau, qu'il est intéressant de décrire. En effet, lorsque l'on visite ce genre de monument, si on est un tant soit peu curieux, on se demande toujours ce que peuvent bien signifier certaines sculptures. Sur la photo à gauche, on voit une très belle colonne, très ornementée, sur la gauche on voit un religieux avec une crosse, c'est la représentation du père de la règle de St Benoît, mais c'est aussi, bien sûr, l'abbé qui dirige le monastère, avec cette inscription en latin "Fili suscipe disciplinam" qui signifie : "Mon fils, reçois la discipline" et la deuxième statue sur la droite est la mort représentée sous les traits d'une femme avec un couteau sur la gorge et cette inscription en latin "Ego mors hominem jugulo corripio" qui signifie "Je suis la mort qui égorge l'homme". Sur la photo ci-dessus, ce chapiteau représente le "portement de l'Arche d'Alliance", épisode marquant de la Bible : la traversée du désert des Hébreux et leur arrivée dans la ville de Jericho, où les murailles s'effondreront le 7ème jour.
Photo de gauche : intérieur de l'église abbatiale, vue sur la nef et ses magnifiques colonnes, à noter la sobriété de l'ensemble.
Dans l'Abbaye du Moyen-Age, il y avait bien sûr des jardins, mais qui n'avaient pas l'apparence actuelle. Les jardins d'aujourd'hui ont été reconstitués d'après le plan laissé par les moines mauristes du 17ème siècle, dessinés "à la française", selon les goûts de l'époque.
Ils sont tout à fait remarquables et complètent très bien la visite de ce magnifique ensemble.
Le jardin d'une abbaye avait plusieurs fonctions, il servait à nourrir (potager), à soigner (plantes médicinales) mais aussi à montrer la beauté de la nature avec des fleurs et à glorifier Dieu par la même occasion, n'oublions pas le caractère sacré des lieux.
On y trouve donc des légumes, des arbres fruitiers, des arbustes, des haies taillées avec un très bel ordonnancement. Une sorte de petit paradis terrestre comme le jardin était censé le représenter à l'époque.
Orgue de l'Eglise abbatiale, un très bel instrument resté en très bon état et datant de 1627.
Sur la photo ci-dessus, on voit un exemple du jardin à la française, avec haies de buis taillées et plantées en croix, avec des plantes à fleurs vivaces placées dans les espaces. Sur la photo ci-dessous, on découvre un petit coin avec une pergola, qui s'appelle le "jardin des senteurs" : c'est un mélange de fleurs et de plantes aromatiques, dans lequel on s'arrête volontiers pour sentir les différents parfums.
On découvre sur la photo ci-dessus une partie des magnifiques jardins reconstitués et très bien entretenus, on y voit des massifs et des parterres constitués d'arbustes (conifères, buis, etc ...) des fleurs variées, une partie potager ainsi que de nombreux arbres fruitiers. Au fond on aperçoit le Palais des vents, auquel on accède par un escalier, et arrivés sur l'esplanade, on a alors une vue magnifique sur l'ensemble de ces jardins.
Tous les renseignements historiques énumérés ci-dessus sont extraits de livres retraçant l'histoire de l'Abbaye St Georges de Boscherville, j'ai trouvé quelques détails précis sur internet, en particulier sur le site de l'Académie de Rouen (Education Nationale) dans la partie Histoire-Géo, sur une plaquette très bien faite, qui m'a été d'un très grand secours pour la description des statues-colonnes et chapiteaux de la salle capitulaire.
Les photos ont été faites avec un compact numérique et n'ont pas la qualité des autres photos de ce site, ce que je regrette, mais je suis tombé en panne de reflex ce jour-là. Le beau temps ensoleillé et un peu de retouche par la suite ont permis de donner tout de même un assez bon résultat. (photos réalisées le 23/08/2009).
Pour les personnes intéressées par l'art roman, je conseille un livre magnifique : "L'AGE ROMAN" aux éditions H.F. ULLMANN de Rolf Toman, Achim Bednorz et Uwe Geese, une somme de 560 pages, édité en 2017. Pour ceux qui sont tentés par l'histoire des abbayes, un autre livre, très précis, de chez H.F. ULLMANN également, de Kristina Krüger (texte) et photos d'Achim Bednorz (430 pages), intitulé ORDRES et MONASTERES (2000 ans d'art et de culture du christianisme), deux livres remarquables, de grande qualité et proposés à des prix tout à fait abordables par cet éditeur allemand.
La Fontelaye est une petite commune du canton de Tôtes, c'est l'une des plus petites communes de France.
Elle possède bien sûr son église, l'église St Martin, elle est très petite aussi, sa construction remonterait au 12ème siècle. La présence de tuf dans les murs extérieurs et la dédicace à St Martin semblent le confirmer.
Mais le bâtiment actuel est une reconstruction du 16ème siècle. Ce sont les Dumont de Bostaquet, seigneurs des lieux qui ont permis cette reconstruction. La nef et le choeur ont été remaniés au 18ème siècle. Il reste une partie d'un vitrail du 16ème siècle représentant l'Annonciation.
Laissée un peu à l'abandon dans les années 1970, elle a fait l'objet de restaurations successives et diverses, par des bénévoles entre autres, ce qui a permis de sauver l'édifice.
Aujourd'hui, elle est pimpante et les abords ont été superbement aménagés.
Elles est beaucoup visitée, car très pittoresque, elle est située en pleine nature, dans un bois où coule la Saâne que l'on peut franchir sur un petit pont de bois, lui aussi restauré. C'est un coin de nature absolument charmant, qui vaut vraiment le détour.
Extrait des paroles : Je sais une église au fond d'un hameau dont le fin clocher se mire dans l'eau, dans l'eau d'une rivière, lorsque je suis las du monde et du bruit, j'y viens à pas lents, quand tombe la nuit, faire une prière ...
Cette église aurait inspiré une chanson française célèbre : "la petite église" interprétée par Jean LUMIERE (1895-1979) et composée en 1902 par Paul DELMET (1862-1904) sur un poème de Charles FALLOT (1874-1939).
Le château de Bosmelet se trouve sur la commune d'Auffay, dans le canton de Tôtes.
C'est une magnifique propriété, le château est fait de briques et de grès, couvert en ardoises. Il est de facture très classique, de style Louis XIII.
La façade principale est flanquée de deux ailes en saillie, elle est faite en majorité de briques avec de très jolis motifs en mosaïque, le milieu de cette façade (entrée) est en pierre blanche, surmonté d'un très beau fronton magnifiquement sculpté, elle est également en saillie par rapport au mur principal de façade.
Il fut construit en 1632 par un certain Jean BEUZELIN, petit-fils de Gilles BEUZELIN. Il était président au parlement de Rouen, homme ambitieux, il épousa Mme BOUTHILLIER de CHAVIGNY, fille d'un secrétaire d'état de Louis XIII. Il maria sa fille Anne-Marie (Melle de Bosmelet) avec le Duc de CAUMONT futur Duc de la Force. De grands travaux furent alors décidés au château, on fit appel en 1715 à COLINET, 1er jardinier de LE NOTRE au château de Versailles, pour l'élaboration d'un jardin à la française.
C'est à cette époque que l'on planta une double rangée de tilleuls en 1718, connue aujourd'hui pour être l'allée de tilleuls la plus longue d'EUROPE. Elle est aujourd'hui tricentenaire, et magnifique.
Le Duc de CAUMONT (Duc de la Force) meurt à 51 ans et son épouse n'ayant pas de descendance décide de transmettre avant son décès, le domaine en 1752 à une branche collatérale : THOMAS du FOSSE de BOSMELET.
PLus tard, le château subira des dommages au cours de la 2ème guerre mondiale en 1944, lorsque des bombardements des Alliés furent effectués pour détruire une piste de lancement de V1, construite par les allemands en 1943 pour bombarder Londres à distance. Malheureusement deux bombes tombèrent sur le château, faisant de gros dégâts sur le corps central.
Des travaux furent effectués pour qu'il retrouve son aspect originel, le style n'ayant jamais été remanié depuis le XVIIème siècle.
Ce bâtiment (à gauche) appelé l'Orangerie est une annexe du château, il est fait de briques et de pierre blanche et est imposant par sa haute toiture.
Cette Orangerie a été transformée en habitation il y a bien longtemps pour abriter le chapelain qui dirigeait les offices religieux.
Elle a été construite au XVIIIème siècle dans le même style que le château.
Toutes les photos sont des diapositives numérisées réalisées lors d'une visite en juin 1991. (Ektachrome de Kodak, boîtier CANON)
Construite en 1779 par le maître maçon GIBERT, qui était déjà à l'initiative de nombreuses églises dans les environs : partie de la chapelle d'Etaimpuis et choeur de l'église de Vassonville, dans laquelle repose un ancien chapelain de Bosmelet décédé en 1836.
Cette chapelle entièrement en briques et couverte en ardoises n'est pas très grande mais possède un charme particulier, une façade originale, un petit clocher ouvert et une partie arrière à trois pans.
Ce sont les THOMAS du FOSSE de BOSMELET, une famille janséniste, à qui le domaine du château avait été transmis, qui firent ériger cette chapelle.
Pour information, le jansénisme est une doctrine religieuse du XVIème siècle fondée par Cornelius JANSEN dit "Jansénius", évêque hollandais (1585-1638). Cette doctrine s'inspire de St Augustin et préconise une piété et une morale très austères. Elle provoqua des conflits assez âpres avec l'église catholique officielle et fut condamnée de nombreuses fois par le Pape. En France, ses défenseurs s'opposèrent vivement aux Jésuites, à Richelieu, à Mazarin puis à Louis XIV. Les jansénistes, réunis en parti se lièrent au gallicanisme parlementaire, jusqu'à la Révolution, et se montrèrent favorables à une constitution civile du Clergé. Cette doctrine perdurera jusqu'au XIXème siècle, mais a quasiment disparu ensuite. (photo ci-dessous).
On voit sur la photo ci-dessus la façade arrière du château avec cet arrondi au niveau de l'aile différente de la façade principale. Le château a changé de propriétaire en 2016 et des aménagements ont été entrepris pour refaire les jardins et améliorer l'accueil (gîtes, séminaires) ainsi qu'une programmation continue d'évènements : concerts, expositions ...
N'hésitez surtout pas à visiter ce domaine, il est magnifique et en pleine réfection les projets du nouveau propriétaire sont nombreux, consultez le calendrier sur internet des manifestations prévues tout au long de l'année.
Le château de VALMONT se trouve dans la commune du même nom, tout près de Fécamp et d'Ourville en Caux, entourée de communes plus petites comme Angerville la Martel, Thérouldeville, Gerponville, Thiétreville et Thiergeville.
Ce château est une belle demeure des 11ème et 16ème siècles, c'est une propriété privée inscrite aux monuments historiques.
Son histoire est tumultueuse, ce qui a beaucoup influé sur son allure au fur et à mesure de l'histoire.
Il est perché sur une petite colline et domine la vallée de la Valmont, petit fleuve côtier prenant sa source à Valmont et qui se jette dans la Manche à Fécamp (cours d'environ 14 km).
Son architecture est très intéressante, en effet, ce château qui a été la propriété de la puissante famille d'Estouteville a conservé un donjon du 11ème siècle qui a été remanié lors d'une reconstruction faite par Jacques d'Estouteville sous Louis XI. Il possède également une aile Renaissance bâtie vers 1540 par Adrienne, duchesse d'Estouteville, sous le règne de François 1er. Il a subi ensuite de nombreux dommages en particulier soue la Restauration en 1824.
Aujourd'hui, le château, toujours privé, a été magnifiquement restauré, mais il est impossible de le visiter, comme cela a été le cas pendant très longtemps, où on pouvait visiter le château, le parc et où de nombreuses animations furent organisées comme des spectacles son et lumière. Il y avait aussi une exposition permanente d'anciennes machines et outils agricoles dans le château.
Le château est actuellement à vendre (septembre 2023), espérons que les nouveaux propriétaires le rouvriront à la visite. Il reste néanmoins visible très facilement de la route. A noter au passage que parmi ses très nombreux propriétaires, figure la famille princière de Monaco (les Grimaldi) entre 1715 et 1805.
Merci au site www.châteauruine.fr réalisé par le Chevalier Dauphinois (pseudo M.J.) qui m'a permis de trouver ces indications plus que précieuses sur le château de Valmont. Ce site recense un nombre incroyable de châteaux en France, répertoriés et décrits avec parfois beaucoup d'humour, ce qui ne gâte rien ! (M.A.J. du 19/10/2023)
On voit sur la photo ci-dessus la façade du château avec ses deux ailes très différentes, à droite la partie médiévale avec sa tourelle et ses machicoulis en partie haute sous la toiture et à gauche l'aile Renaissance accolée, d'un style très classique en pierre blanche, avec ses très belles lucarnes en pierre taillée. (photos d'après diapos numérisées, réalisées lors d'une visite en Août 1986).
Sur la photo
ci-contre, on a un aperçu d'une partie du matériel agricole exposé au château (nous sommes dans le grenier du château).
Un pressoir, une citerne à eau, un tarare et une faucheuse avec barre de coupe qui servait par exemple à faucher le foin
Dans le paysage cauchois, les colombiers sont bien présents, tantôt vous les trouverez aux abords d'une belle propriété, châteaux en particulier, tantôt dans la cour d'une ancienne ferme. Ils ne sont pas tous hélas en bonne forme, mais une grande partie d'entre eux sont tout à fait présentables, pour d'autres, ils sont simplement magnifiques, parfaitement entretenus et restaurés par les propriétaires. Certains ont même été transformés en maison d'habitation, souvent très réussies.
Au début du 20ème siècle, plus de 600 colombiers ont ainsi été répertoriés en Seine Maritime.
Le droit de colombier en France, a été attribué aux seigneurs (en 1583 en Normandie), les abbés en tant que seigneurs féodaux avaient également le droit de colombier et ils en élevèrent auprès des abbayes.
Ce droit de colombier a été un des premiers privilèges à être aboli par la Révolution en 1789.
Au fur et à mesure des années, l'élevage de pigeons régressera à tel point que les colombiers qui nous restent aujourd'hui ne contiennent plus aucun pigeon. Ils sont devenus des éléments remarquables de notre patrimoine architectural.
Il existe aujourd'hui quelques élevages modernes de pigeons, mais la consommation de ce volatile a beaucoup diminué dans la population, c'est dommage, car c'est pourtant un mets de choix.
Par définition, le colombier ou pigeonnier est de forme circulaire ou plus précisément cylindrique, mais il peut être polygonal et même carré.
Au début, ils étaient tous en pierre et couverts en chaume. Ensuite, la brique fut de plus en plus utilisée et la toiture était réalisée en tuiles puis en ardoises. En Pays de Caux, la brique fut beaucoup utilisée avec ajout du silex, du grès et de pierre calcaire. La toiture continuera à être faite en chaume assez longtemps (une tradition en pays de Caux), puis on passa à la tuile et beaucoup à l'ardoise.
Les ouvertures sont peu nombreuses, une ou deux lucarnes, une porte d'entrée souvent étroite pour la grandeur du bâtiment.
Si le pigeonnier est circulaire, le toit est en poivrière, s'il est polygonal, c'est un toit à arêtiers ou à poivrière avec corniche, et s'il est carré, c'est une toiture à pans égaux ou inégaux, en fonction du bâtiment.
Certains sont surmontés d'un clocheton ou lanternon, qui servaient à l'aération et à la sortie des pigeons.
Nous possédons dans notre région des colombiers très divers et tout à fait remarquables. Des décorations peuvent être ajoutées lors du montage des briques, avec des bandeaux de silex noirs ou blancs, avec effet de damiers, losanges, filets ...
Des briques sont également montées en saillie sur le pourtour, formant des reliefs, encorbellements, corniches ...
La polychromie naturelle des matériaux employés donnant des résultats magnifiques sur certaines constructions.
D'autres décorations (peu nombreuses en général) sont ajoutées comme des sculptures sur les linteaux ou jambages de portes, les armoiries du seigneur ou des cadrans solaires.
A l'intérieur, sur les murs du pourtour sont creusées des niches en hauteur appelées boulins, elles serviront aux pigeons pour aménager leur nid qui est très sommaire chez cet oiseau, ils apportent quelques brindilles à la paille mise par le gérant du colombier et n'apporte aucun soin au confort et au nettoyage de celui-ci.
Des précautions doivent être prises pour éviter que des prédateurs puissent accéder facilement à ces niches, pas d'aspérités par exemple sur les murs qui faciliteraient l'accès aux rongeurs.
A l'extérieur, un soubassement de pierres (calcaires ou grès) est installé pour faire de solides fondations au bâtiment et assurer une bonne isolation contre l'humidité. A mi-hauteur, un larmier, sorte de cordon en saillie, en briques ou en pierre, ceinture le colombier sur toute sa circonférence, il est destiné à empêcher les rongeurs de grimper le long du mur, cet artifice fait que ces derniers, butant sur ce cordon en saillie, tombent à la renverse.
Les pigeons (comme tous les colombidés) pondent seulement 2 oeufs par couvée, mais peuvent en effectuer deux, trois par an, voire plus, s'ils sont bien nourris.
Les fientes produites par les pigeons dans ces colombiers en grande quantité ont été longtemps utilisées comme engrais, de très bonne qualité d'ailleurs.
(14/07/2022)
Ci-dessus, on voit le très beau colombier de la ferme du château du Plain-Bosc dans la commune d'Etoutteville (ancien canton de Yerville).
C'est un colombier de forme octogonale (huit faces) avec une toiture à arêtiers, en ardoises et en accord avec la forme octogonale du bâtiment. Le soubassement est en pierres blanches terminé par une corniche, la porte d'entrée étroite est surmontée d'un linteau toujours en pierre blanche. Les murs sont en briques et chaque arête des pans octogonaux est marquée par un montage en pierres blanches décalées. Un larmier (voir ci-contre à gauche la description) a été installé à mi-hauteur. Ce colombier a été parfaitement entretenu et est donc resté en très bon état.
Photo de juillet 1988 - Diapositive numérisée EKTA 100+ / Boîtier CANON 50mm.
Ci-contre à gauche, on voit sur cette photo un très beau colombier circulaire dans une cour de ferme.
Il se trouve sur la commune de Grémonville (ancien canton de Yerville) au hameau du Gal, tout près de l'ancien séminaire.
C'est un colombier de très belle facture, construit en briques sur un soubassement de pierres, avec une alternance de silex clairs. Cette succession de bandeaux de couleur différente étant du plus bel effet.
La toiture en ardoises est en poivrière, avec girouette sur le faîte.
A l'époque, il semblait encore en bon état, mais je ne me suis pas rendu récemment dans ce secteur, ce que je ne manquerai pas de faire dans les mois qui viennent.
C'est un endroit privé, mais on peut l'apercevoir très facilement de la route.
Photo datant de l'été 1990 - Diapositive EKTA 100 numérisée - Boîtier NIKON - zoom 28/80mm.
Cette remarquable maison dans le plus pur style cauchois se trouve sur la commune de Baons le Comte (canton d'Yvetot), commune qui possède bon nombre de superbes bâtiments : maisons cauchoises, château, colombier ...
Alors, tout d'abord, pourquoi la maison de l'Echevin ? Qui est cet échevin ? Et bien, c'est un personnage qui a eu son importance autrefois et qui n'existe plus, tout du moins en France.
L'échevin était un magistrat municipal jusqu'à la Révolution. Au Moyen Age, à l'époque féodale, c'était un homme de loi que les seigneurs choisissaient pour rendre la justice à leurs vassaux.
Plus tard, dans le Nord de la France, des collèges d'échevins élus parmi les notables (procédures très variables) sont établis dans la plupart des villes. En général, les échevins assistaient le Maire dans la juridiction de police et se partageaient diverses fonctions municipales.
Il existe encore des échevins de nos jours, en Belgique et aux Pays-Bas, c'est un adjoint du Bourgmestre (ce dernier étant l'équivalent du maire chez nous) élu par le Conseil Municipal.
En France, la Révolution de 1789 a mis fin définitivement au poste d'échevin et de toute cette organisation, jugeant que ces gens (échevins) n'étaient pas élus démocratiquement (ce qui était vrai) et qu'ils ne représentaient donc pas le Peuple. De plus, avec le temps, les échevins ayant pris une grande place dans la vie politique des communes, outrepassaient parfois largement leurs fonctions. Ce poste a donc disparu complètement de notre système politique local.
La maison qui nous intéresse ici est par contre toujours bien là, elle date de 1599 et a résisté au temps. C'est un magnifique exemple de ce que les artisans de l'époque étaient capables de faire. Sur un soubassement de pierres blanches, un montage alterné de rangées de briques et de silex est fait pour le premier étage, ensuite place aux colombages en forme de "X" et torchis, entre deux poutres servant de linteaux, puis des colombages classiques verticaux jusqu'à la toiture, réalisée en tuiles. Sur la photo, on voit le magnifique pignon saillant fait de briques et silex dans sa partie basse puis uniquement de briques jusqu'au faîte. A noter la présence de "X" en fer forgé servant de renforts à cette imposante structure de briques et la double volée de marches pour accéder à la porte d'entrée.
Si vous passez par cette commune, vous ne pourrez pas rater cette maison, elle est au centre du village et l'église se trouve en face.
Photo prise en Août 1991 - Diapo numérisée - Ektachrome 100 - focale de 28mm - boîtier NIKON.
(Ajout du 18 juillet 2022)