Curieux de Nature
Cette page sera donc consacrée au village de Criquetot sur Ouville, situé dans le canton de YERVILLE. C'est en effet la commune où je réside depuis maintenant plus de 45 ans, une commune qui m'est chère puisque mon grand-père maternel (Charles MAGLOIRE) y a été maire pendant 30 ans de 1945 à 1975, date de son décès brutal à 74 ans, où il a été remplacé par Mr Paul ROSE, qui fut maire à son tour pendant 20 ans jusqu'en 1995. Mon père l'a accompagné pendant toutes ces années où il est devenu son premier adjoint. J'ai ensuite travaillé moi-même en tant qu'adjoint administratif à la Mairie de 1990 à 2002. Je connais donc très bien la commune et je vais donc essayer de vous la présenter le mieux possible.
J'avais déjà créé un site il y a maintenant plus de 10 ans, que j'avais dû abandonner à cause d'un changement de fournisseur internet, j'ai réussi à récupérer quelques fichiers et images utilisées à l'époque, ce qui m'a permis de reconstituer la page Criquetot qui existait sur cet ancien site.
Criquetot sur Ouville s'est longtemps appelée St Martin de Criquetot. La paroisse ayant été donnée au Prieuré d'Ouville, et rachetée ou échangée par le seigneur local, la commune fut renommée Criquetot sur Ouville, ( De Ouville l'Abbaye la commune voisine actuelle).
La terre de Criquetot passa ensuite dans les mains de plusieurs grandes familles pour finir dans celle des Scott qui érigèrent le château actuel.
Du temps de mon grand-père, lorsque nous sommes arrivés en 1975 (date de son décès), la commune avait environ 350 habitants. Mon grand-père était un petit agriculteur, il était en retraite depuis environ 10 ans et il restait un bâtiment de la ferme juste à côté de la maison de mes grands-parents, qui était l'ancienne écurie et mon père a eu l'idée de la racheter avec un peu de terrain et de la transformer en maison d'habitation. Inutile de dire que ce fut un énorme travail de restauration, mais il réussit dans son entreprise avec beaucoup de courage et d'abnégation à en faire une jolie maison.
En 1990, un recensement national a eu lieu, j'ai été chargé de l'effectuer par le Maire, Mr Rose, et c'est à ce moment que nous avons constaté que la commune avait passé les 500 habitants, tout le monde se félicitait de cette évolution. Nous allions d'ailleurs à cette occasion changer de catégorie et passer de 11 à 15 conseillers municipaux aux élections suivantes (1995).
Depuis, la commune n'a fait qu'évoluer, il y a eu création d'un nouveau lotissement de HLM en 1992 et une grosse évolution de l'accession à la propriété ensuite, afin d'amener encore et toujours de nouveaux habitants pour sauver nos écoles (Criquetot sur Ouville et Ouville l'Abbaye étant groupées en syndicat scolaire).
Aujourd'hui, notre commune dépasse les 800 habitants ! Et un groupe scolaire flambant neuf a été construit regroupant les deux pôles scolaires de Criquetot sur Ouville et Ouville l'Abbaye.
L'Eglise St Martin (c'est son nom) est du 18ème siècle, elle a remplacé l'église primitive du 15ème siècle, qui était voisine d'un lieu appelé "Les Mottes" situé dans un petit bois faisant partie du château actuel.
L'église a donc été construite volontairement près du château en 1777, avec même un accès direct à celui-ci par une petite porte derrière l'église. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'elle n'est pas située au centre du village comme presque partout et que les visiteurs cherchent souvent l'église lorsqu'ils se rendent à Criquetot. Elle est de type nordique, très reconnaissable à la forme de son clocher, construite en briques avec soubassement en pierres calcaires et toiture en ardoises.
C'est une église très simple, en 1836, elle a été légèrement agrandie en y ajoutant une petite chapelle côté cimetière appelée de Saint Nicolas et de Saint Eloi. A l'intérieur,on y trouve une Pieta en pierre polychrome d'un style très maladroit avec des proportions plus que curieuses pour le corps du Christ par rapport à la Vierge.
Notre Dame du Rosaire est un groupe de 3 statues polychromes, bien plus intéressant disposé dans une niche avec un fond peint.
A noter aussi une statue de St Eloi avec tiare et crosse et un retable imposant derrière l'autel. Le plus intéressant restant quand même la collection de vitraux assez remarquable pour une petite église de campagne, qui avait bénéficié d'une importante et utile restauration pour certains d'entre eux entre 1995 et 2000. Ils avaient ainsi retrouvé tout leur éclat.
Sur la photo ci-dessous, on voit l'église dans toute sa longueur, côté sud, sur laquelle on voit la chapelle de St Nicolas et St Eloi accolée à l'arrière.
Beaucoup de villages de campagne dans le Pays de Caux possèdent des châteaux plus ou moins imposants, ou des maisons de maître, mais il est incontestable que celui de Criquetot est assez remarquable, il est situé dans un parc magnifiquement planté, en particulier de hêtres.
Ce château date de 1757 et a été construit dans la tradition du 18ème siècle par la famille Scott de Fumechon. Il est en briques, avec un chaînage de pierres blanches, le corps principal est entouré de deux pavillons, deux ailes plus basses et plus simples complètent l'ensemble.
La partie centrale de la façade est en légère saillie et couronnée par un fronton. La toiture est en ardoises. Il y a aussi une autre belle construction sur la gauche en léger retrait du château qui est la "maison du gardien", ainsi qu'un petit pigeonnier dans le parc.
C'est une propriété privée mais on peut apercevoir sa façade principale (photo ci-dessus) en empruntant le chemin qui longe le cimetière, puis le parc du château et vous arriverez alors devant une grille métallique, ou vous apercevrez le château tel qu'il est sur la photo.
Il faut noter le grand mérite des propriétaires actuels qui ont fait un très gros effort de plantation pendant des années et qui ont fait que le parc est magnifique.
(Les deux photos du château et du Bois des Mottes sont issues de diapositives réalisées sur du Kodachrome 64, émulsion mythique de Kodak et numérisées pour l'occasion)
Le traditionnel monument aux morts se trouve juste à l'entrée du cimetière, il est composé d'une statue de soldat adossée sur un pilier surmonté d'une croix et montée sur un piédestal. Les noms des morts pour la France des deux guerres mondiales 1914-1918 et 1939-1945 sont gravés sur le monument.
Le monument est entouré de 8 petits piliers reliés par des chaînes.
Il est bien sûr le lieu où les anciens combattants, les représentants de la commune et les citoyens se retrouvent lors des commémorations du 11 Novembre et 8 mai, chaque année.
Il faut noter, et c'est important que nous possédons un deuxième monument consacré à la guerre de 1870, il se présente sous la forme d'un obélisque de pierre calcaire adossé à la chapelle de St Nicolas et St Eloi de l'église. On l'aperçoit au fond sur la photo ci-dessous.
Ce genre de monument est assez rare dans les cimetières de la région.
Ce petit bois se trouve sur la route de l'Eglise quand on prend la direction de la route d'Ouville, il est bordé par le long chemin qui mène au château et il fait partie des terres de ce dernier. C'est donc un endroit privé et clôturé mais on peut apercevoir cette partie du bois, du bord du chemin.
Alors, quelle est cette étendue d'eau circulaire avec une "île" au milieu ? Cet endroit s'appelle "Les Mottes" et ce n'est pas par hasard, puisque ce monticule de terre est tout simplement, si on peut dire, les vestiges d'une motte féodale.
Ce genre de "construction" est composée d'un tertre, monticule de terre plus ou moins circulaire entouré d'un fossé rempli d'eau, elle remonte au Moyen-Age (environs du 10ème siècle), elle servait de moyen de défense, car il y avait une tour de guet montée sur le tertre ou une construction plus imposante, souvent en bois, de type château-fort. Elle pouvait être faite de torchis et colombages, ce qui aurait pu être le cas ici, en Normandie. Dans certaines régions de France, elles peuvent être très imposantes avec château et donjon en pierre. Les constructions en bois n'ont évidemment pas survécu au temps et c'est pourquoi il ne reste, la plupart du temps que la motte centrale et le fossé, la nature ayant repris ses droits.
Ce genre de motte féodale est assez rare en pays de Caux et celle-ci est plutôt bien conservée même si aujourd'hui, l'eau du fossé ne fait plus le tour de la motte. Elle le faisait encore lorsque j'ai pris cette photo il y a environ 30 ans. Depuis, ce fossé aurait dû être curé pour lui permettre de se remplir complètement, mais il n'a maintenant plus d'utilité et il s'est comblé petit à petit. Mais dans les années 1940-1950, ma mère m'avait expliqué qu'il servait de ravitaillement en eau pour les fermiers du village, l'eau courante n'étant pas encore installée, ils se servaient d'un "camion à l'eau", sorte de citerne métallique montée sur roues et tirée par un cheval, qu'ils allaient remplir aux Mottes au moyen d'un "pot pucheux" mot cauchois qui était un ustensile composé d'un long manche en bois et d'une sorte de petit seau (pot) fixé à son extrémité. C'était évidemment une corvée, car il fallait du temps pour remplir ce fameux "camion à l'eau", mais c'était une époque où la vie était bien difficile.
Cette réserve naturelle d'eau était très utile, surtout en été où l'eau venait à manquer pour abreuver les bêtes et pour les besoins quotidiens, les citernes (nom donné aux puits en pays de Caux) et les mares se vidaient vite. Si vous passez par ici lors de promenades à pied, jetez un coup d'oeil, vous verrez quelque chose de peu courant et l'endroit est magnifique, surtout si vous passez au printemps lorsque les hêtres s'ouvrent et que le sol se couvre de jacinthes des bois, formant de magnifiques tapis de fleurs bleues.
Sur la photo ci-dessous prise à une époque où le niveau d'eau était particulièrement bas, on se rend beaucoup mieux compte de la forme ronde de la motte, presque parfaite.
Sur cette reproduction d'ancienne carte postale, malheureusement de mauvaise qualité, on voit la Grande Rue telle qu'elle était à l'époque et on aperçoit la boulangerie ROSE (toujours existante) avec une voiture garée devant, prête à charger pour les livraisons.
C'est bien sûr LE monument de la commune. En effet, nous possédons là quelque chose de très original, qui est ni plus ni moins, une réplique de la grotte de LOURDES.
Cette "grotte" n'a évidemment rien de naturel, elle a été construite à l'initiative de l'Abbé Lamotte, curé de la paroisse en 1894. C'est un maçon du nom de Ferdinand Delarue qui fit les travaux et d'ailleurs une rue perpendiculaire à la rue de l'Eglise porte son nom depuis l'obligation faite aux communes de dénommer les rues et de numéroter les habitations. Le terrain près de l'église étant une ancienne carrière de sable, il était de ce fait beaucoup plus bas que la route adjacente, cela a permis de donner cette impression de descendre véritablement dans une grotte. Le travail a été remarquable, car si on la compare avec Lourdes, la ressemblance est frappante, hormis le fait que la nôtre est dans la nature, entourée d'arbres et de plantes diverses.
Elle a failli disparaître en 1978 car cette grotte avait été construite sur un terrain privé et le propriétaire de l'époque, voulant récupérer son terrain pour une autre destination, se désintéressait complètement du devenir de la grotte et cette dernière fut tout simplement menacée de destruction. Fort heureusement, le Conseil Municipal de l'époque, alerté par cette situation proposa au propriétaire le rachat du terrain par la commune pour sauver la grotte. La négociation fut difficile, mais par bonheur, elle put se faire et elle est devenue propriété communale en 1979. A partir de là, elle fut l'objet de soins particuliers, travaux de nettoyage car elle avait été laissée un peu à l'abandon, travaux de maçonnerie et plantations importantes y ont été faits.
Des pierres offertes par le maire de l'époque (blocs de granit) furent posées par des bénévoles pour y aménager des gradins (visibles sur la photo ci-contre).
Depuis cette date, elle fait l'objet d'une attention régulière dans le cadre de l'entretien du patrimoine communal et elle est devenue un site connu et régulièrement visité.
A une certaine époque, elle était tombée en désuétude, mais depuis quelques années, grâce à un renouvellement de l'équipe paroissiale, elle est redevenue un lieu de pèlerinage en Août, avec organisation de messes à la grotte.
Toutefois, il n'est nul besoin de s'arrêter au caractère sacré mais indéniable de l'endroit pour le visiter, la grotte de Criquetot est un monument original et rare, qui mérite vraiment le détour.
Service gratuit, facile et accessible à tous
Sur cette photo ancienne en noir et blanc, ci-dessous, on peut se rendre compte que malgré le temps, l'apparence de la grotte est restée la même. On peut tout de même déplorer la disparition de la chaire en pierre qui se trouvait encore à cette époque sur la droite, mais qu'on ne voit pas à cause du cadrage serré sur la grotte. Elle a été malencontreusement détruite lors des opérations de nettoyage évoquées ci-dessus. Sur la photo encore plus ancienne, ci-dessous à droite, retrouvée récemment dans mes archives, on aperçoit cette fameuse chaire en pierre sur la droite.
Sur cette reproduction d'ancienne carte postale que l'on m'avait prêtée pour ce faire, on voit l'épicerie et café qui a perduré de longues années dans notre commune, elle est maintenant fermée mais le bâtiment existe toujours, c'est maintenant une maison d'habitation. Elle a longtemps rendu service à la population. Pour ma part, je l'ai connue enfant au temps de Mr et Mme DELIVET lorsque je venais passer des vacances chez mes grands-parents (années 1960), ce sont d'excellents souvenirs. En même temps que les courses pour ma grand-mère, je pouvais prendre quelques bonbons que l'épicière nous servait au détail (ils étaient rangés dans de grands bocaux en verre) et elle nous les mettait dans un cornet de papier qu'elle confectionnait elle-même. Quand Mme Delivet est partie en retraite (son mari était décédé), le café a continué de fonctionner quelque temps (repris par Mr Roland CROS) puis l'établissement a fermé définitivement après son départ, faute de repreneurs.